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Cureghem

Notre programme est basé sur l’analyse de données issues des sources suivantes : besoins et demandes des publics, données internes issues de notre diagnostic continu, données socio-économiques et de santé publique, ainsi que des publications d’acteurs du quartier ou données issues des différentes rencontres auxquelles nous participons (par exemple réunions de la FBPSanté, réunions du secteur de la cohésion sociale d’Anderlecht ou organisées par le CPAS d’Anderlecht, réunions du partenariat de sensibilisation au diabète à Anderlecht…). Cette analyse a permis de faire ressortir les éléments suivants, que nous mettons en lien avec les déterminants de santé.

 

Le quartier de Cureghem, situé dans la commune d’Anderlecht, est caractérisé par une densité de population particulièrement élevée, deux fois supérieure aux moyennes pour Anderlecht et pour la Région de Bruxelles Capitale (RBC). Le quartier est en évolution, avec de grands projets immobiliers en développement, qui s’adressent à un public en moyenne plus aisé que celui de Cureghem actuellement. Le quartier a une image négative, tant chez les habitants que chez les professionnels, qui demandent que la situation soit améliorée : logements insalubres, bruit, manque d’espaces verts, vandalisme, saleté... Il existe aussi une demande croissante de prendre en compte les aspects liés au développement durable.

 

Conditions de vie et de travail

Logement : Cureghem est caractérisé par une offre de logements à des prix inférieurs à la moyenne d’Anderlecht ou de la RBC mais avec une qualité parfois problématique. Différents projets immobiliers en cours dans le quartier inquiètent certains habitants, qui redoutent une augmentation des loyers. 70% des Cureghemois sont locataires de leur habitation[1].

Services de santé : il n’y a pas d’hôpital à Cureghem mais deux maisons médicales sont présentes, ainsi que des centres de santé privés. Gouvernance : La représentation des élus communaux pour le quartier de Cureghem a nettement progressé entre 2006 et 2012. Les échevins de la santé, de la vie associative, de la prévention et du CPAS demandent au secteur associatif de participer à certains événements : sensibilisations au diabète, concertations locales, réunions de cohésion sociale… Revenus : la situation des Cureghemois est difficile : revenus faibles, 36% de chômage, proportion importante de personnes en séjour irrégulier... Nourriture : Demande d’une offre d’alimentation saine à des prix démocratiques, y compris dans les colis alimentaires et les restaurants sociaux. Petite enfance, enseignement et éducation : pas assez de places dans les crèches, les écoles et les écoles de devoirs. Demande des parents de soutien par rapport à l’éducation de leurs enfants, y compris lorsque ces enfants sont devenus des jeunes adultes (problèmes de chômage, d’addiction…). Activités pour les grands et les petits : demande d’espaces verts et de plaines de jeux, demande d’activité sportives et autres à des prix démocratiques. Discriminations : Le quartier et ses habitants souffrent de discriminations. À diplôme égal, le taux de chômage est plus élevé à Cureghem qu’ailleurs à Anderlecht. Les professionnels et les habitants demandent que le quartier de Cureghem ne soit pas toujours évoqué en termes négatifs dans les médias. A l’inverse, certaines personnes habitent à Cureghem car des personnes ont accepté de leur louer leur bien alors qu’ailleurs, elles sont victimes de discrimination.

 

Réseaux sociaux et communautaires

Les discours des habitants et les observations permettent de dégager deux tendances. D’un côté, les habitants témoignent de difficultés de cohabitation entre groupes sociaux différents et de tensions (entre nouveaux et anciens Cureghemois, entre nationalités différentes, entre groupes d’âges, entre ceux qui occupent l’espace public la journée et ceux qui l’occupent la nuit, entre secteur formel et informel…). Mais, d’un autre côté, nombreux sont également ceux qui témoignent apprécier le quartier pour des raisons d’entraide et de réseaux dont ils bénéficient, même si ces réseaux les amènent parfois à s’isoler du reste de la société. Les témoignages d’isolement sont d’ailleurs très présents et la demande de lien social est très forte, en particulier chez les femmes : demande de moments de bien-être et de convivialité non centrés autour de thématiques en lien avec la maladie, ou, chez des personnes qui ont de nombreux contacts sociaux mais à l’intérieur d’un même groupe, demande de rencontres de personnes d’autres groupes sociaux et culturels.

 

Modes de vie individuels - facteurs psychosociaux et comportementaux

Le sentiment de rejet des jeunes, le sentiment d’inutilité des chômeurs de longue durée et la ségrégation spatiale associée à l’image négative de Cureghem sont quelques exemples parmi d’autres qui fragilisent psychologiquement les populations de Cureghem. Ces facteurs expliquent, en partie, le repli identitaire de certaines franges de la population et renforcent également une ghettoïsation[2] de certaines communautés au sein même de Cureghem.

 

Les habitants de Cureghem n’adoptent pas toujours les « comportements appropriés et positifs à l’occasion des relations entretenues avec les autres, leur propre culture et leur environnement »[3] qui sont, pour l’OMS, associés aux 10 compétences psychosociales. La vulnérabilité sociale qui caractérise la population de Cureghem explique en partie la difficulté à acquérir ce type de comportements. La possibilité de développer de telles compétences nécessite une synergie d’efforts qui pourront être porteurs de bénéfices à long terme, à la fois pour la santé des personnes mais aussi pour l’ensemble du quartier. Exemple de demandes : Demande des participants de l’atelier créatif à l’équipe des Pissenlits de leur donner des outils de gestion des comportements difficiles afin d’accompagner le processus d’autonomisation de l’atelier (certains participants présentant des caractéristiques nécessitant un accompagnement en santé mentale ont parfois des comportements gênant la dynamique du groupe). Demande de conseils de la part de participants qui, bien qu’étant eux-mêmes en situation précaire, sont des aidants-proches d’un membre de famille ou autre proche qui ne va pas bien. Ils demandent ainsi par exemple : comment soutenir la personne, comment mieux comprendre sa maladie/difficulté, où chercher conseil, que faire, où et comment mettre sa limite vis-à-vis de la personne en difficulté…

 

Etat de santé

Comme attendu au vu des déterminants de santé développés ci-dessus, les indicateurs de santé pour la population de Cureghem sont moins bons que pour Anderlecht ou la RBC, par exemple : taux de mortalité, part de la population qui déclare ne pas être en bonne santé, décès dus à des cancers, surpoids (44% des adultes en surpoids à Anderlecht), obésité (13% des adultes souffrent d’obésité à Anderlecht)[4]...

 

Concernant la thématique du VIH/SIDA, il faut noter que, comme dit plus loin, Cureghem est caractérisé par une présence marquée de ressortissants d’Afrique Sub-Saharienne. Cette population se démarque par une incidence et une prévalence élevées du VIH, par un accès tardif au dépistage et par un accès difficile aux soins, à l’aide sociale et à la prévention [5]



[1] Dirk De Caluwé. (2013) Cureghem. Partie 2. Bonnes nouvelles, p. 29.

[2]Jamoulle P (2013)., Quartiers populaires de Bruxelles : ségrégation et violence racialisée. In Breda C.,Derrider M.,Laurent P-J(Eds.), La modernité insécurisée, Louvain-la-Neuve : Academia.

[4] Site internet de l’ Institut Bruxellois de Statistiques et d’Analyses, (données 2013), http://ibsa.brussels/themes/sante#.WbpAPk1DvGg. (consulté en août 2017).

[5] Martens, S V., Parent F. et les acteurs de la prévention des IST/Sida en Communauté française. (2009). Stratégies concertées de la prévention des IST/Sida en Communauté française. Une analyse commune pour l'action. Observatoire du sida et des sexualités.




Source : http://www.lespissenlits.be/pg_n.php?id_menu=35
[www.lespissenlits.be]